The Grice Club

Welcome

The Grice Club

The club for all those whose members have no (other) club.

Is Grice the greatest philosopher that ever lived?

Search This Blog

Saturday, February 6, 2010

The Tautological Fox

Some think that Saint Exupery, who died in Argentina, was a genius. Not Grice.

Consider,

'the essential is invisible to the eyes'.

"I cannot see what else it would be invisible to".

---
Etc

---


"C’est alors qu’apparut le renard :

— Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli…

— Je suis un renard, dit le renard.

— Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste


— Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

— Ah ! pardon », fit le petit prince.

Mais après réflexion, il ajouta :

« Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

— Tu n’es pas d’ici, dit le renard, que cherches-tu ?

— Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu’est-ce que signifie «
apprivoiser » ?

— Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien
gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur seul intérêt. Tu cherches
des poules ?

— Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie «
apprivoiser » ?

— C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « Créer des liens
… »

— Créer des liens ?

— Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout
semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’
a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à
cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’
autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

— Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois
qu’elle m’a apprivoisé…

— C’est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de
choses…

— Oh ! ce n’est pas sur la Terre », dit le petit prince.

Le renard parut très intrigué :

« Sur une autre planète ?

— Oui.

— Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?

— Non.

— Ça, c’est intéressant ! Et des poules ?

— Non.

— Rien n’est parfait », soupira le renard.

Mais le renard revint à son idée :

« Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes
les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc
un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je
connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me
font rentrer sous terre. Le tien m’appelera hors du terrier, comme une
musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de
pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et
ça, c’est triste ! Mais tu a des cheveux couleur d’or. Alors ce sera
merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de
toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… »

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

« S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.

— Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de
temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.

— On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les
hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes
faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les
hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

— Que faut-il faire ? dit le petit prince.

— Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un
peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et
tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu
pourras t’asseoir un peu plus près… »

Le lendemain revint le petit prince.


« Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par
exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’
être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre
heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrira le prix du
bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’
habiller le cœur… il faut des rites.

— Qu’est-ce qu’un rite ? dit le petit prince.

— C’est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C’est ce qui
fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il
y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les
filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener
jusqu’à la vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se
ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances. »

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut
proche :

« Ah ! dit le renard… je pleurerai.

— C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal,
mais tu as voulu que je t’apprivoise…

— Bien sûr, dit le renard.


— Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.

— Bien sûr, dit le renard.

— Alors tu n’y gagnes rien !

— J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. »

Puis il ajouta :

« Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu
reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret. »

Le petit prince s’en fut revoir les roses.

« Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore,
leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne.
Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent
mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au
monde. »

Et les roses étaient bien gênées.

« Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas
mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’
elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous
toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise
sous globe, Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est
elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons).
Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même
quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose. »

Et il revint vers le renard :

« Adieu, dit-il…

— Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit
bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

— L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de
se souvenir.

— C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si
importante.

— C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de
se souvenir.

— Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’
oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu
es responsable de ta rose…

— Je suis responsable de ma rose… » répéta le petit prince, afin de se
souvenir.

No comments:

Post a Comment